GUADELOUPE
GUADELOUPE Vague de colère
Depuis le 20 janvier, à l’appel du collectif contre l’exploitation, toute l’île est mobilisée, en particulier contre la vie chère.
C’est une vague de fond qui secoue
« lyannaj kont pwofitasyon» (LKP), ou collectif contre l’exploitation. Au-delà des manifestations qui mobilisent des milliers de Guadeloupéens, les secteurs économiques sont touchés les uns après les autres par la grève. Le collectif revendique une augmenta- tion de 200 euros pour les bas salaires, les pensions de retraite et les minima sociaux, la titularisation des précaires du privé et du public, le refus du racisme à l’embauche, le gel des loyers, l’amélioration du système de santé... Au lendemain du mot d’ordre de fer- meture illimitée des stations-service de l’île le 19 janvier, les gérants refusant toute nouvelle implantation de station, c’est autour de la question du prix de l’essence que le collectif a lancé la mobilisation, réclamant une baisse de 50 centimes du prix du litre. Déjà, les i6 et 17 décembre avait eu lieu un premier mouvement de grève donnant rendez- vous au 20 janvier si des négociations n’étaient pas ouvertes.
Vie chère
C’est que le contexte économique et social sur l’île est particulièrement difficile pour la majorité de la population. Le taux de chômage est estimé à environ 35 % de la population active. Le coût de la vie est très largement supérieur à ce qu’il est en métropole. À cela s’ajoute un fait de société hérité de l’histoire, puisque l’essentiel de l’économie est aux mains des békés, descendants, blancs, des anciens esclavagistes. Paris a mis du temps à réagir. Il a fallu attendre février pour qu’Yves Jégo, secrétaire d’Etat chargé de l’Outre- mer, soit enfin dépêché en Guadeloupe, «pour une durée indéterminé». Il a annoncé, le 2, la réouverture de 25 stations-services, en échange d’un moratoire sur l’implantation de nouvelles stations sur l’île. Et également que le Revenu de solidarité active ( RSA) serait mis en place en Guadeloupe dès 2009, et que les loyers HLM seraient gelés.
Alors que la question de l’augmentation des salaires pour redresser le pouvoir d’achat apparaît comme primordiale pour l’ensemble des organisations du collectif, le ministre a annoncé . . des prix imbattables (340 euros tout de même) pour des billets d’avion aller et retour vers la métropole.
Il a cependant admis «un problème de redistribution » en Guadeloupe et reconnu qu’il était indispensable «que le patronat ouvre les négociations salariales ». Lesquelles tardent à s’annoncer.
Le 4, il indiquait avoir reçu l’«engagement clair » et « chiffré » des responsables de la grande distribution sur une baisse de w % des prix de cent produits de première nécessité. Pas suffisant de toute évidence pour répondre aux revendications des Guadeloupéens et pour calmer les colères. Le LKP, porteur de sa plateforme revendicative, favorable à des négociations, se dit toujours mobilisé.
ISABELLE AVRAN
Solidarité