Les possédants sèment le vent, les salariés récoltent la tempête
Collectif National Crédit Agricole
Le capitalisme, amoral et prédateur, sème la faillite.
Le mardi 13 septembre 2011, l’action Crédit Agricole S.A., au plus bas - peut-on espérer - valait 4,59 €, de même que les actions d’autres banques françaises, Société générale et BNP Paribas. La pression des agences de notation, et les rumeurs de salles des marchés faisaient leur œuvre. En vain, le Directeur de la BDF, C. Noyer, et le Ministre des Finances, F. Baroin, tentaient de « rassurer les marchés » à coups de déclarations solennelles.
Dans le même temps, dans nos Caisses Régionales et nos filiales, vous avez sans doute eu droit à un communiqué langue de bois, évoquant la solidité de nos fonds propres et de nos fondamentaux et vous appelant à attendre des jours meilleurs. Manifestement, nos dirigeants ne manquent pas d’air et tendent à nous prendre pour des gogos. N’est-ce pas les mêmes qui juraient en septembre 2007 que le Crédit Agricole n’était nullement impliqué dans la crise des subprimes alors que les pertes se sont établies, ensuite, à plus de 12 milliards d’euros. Les clients en payent aujourd’hui le prix sur la tarification des services bancaires et les salariés en supportent le poids par la baisse continue des effectifs, de leur pouvoir d’achat et la dégradation de leurs conditions de travail.
Les salariés actionnaires, malgré les mises en garde réitérées de la CGT, regardent leurs espérances d’améliorer leur retraite grâce à leur PEE, s’envoler chaque jour d’avantage.
Pour sortir de cette crise, il faut augmenter les salaires et les cotisations (qui sont du salaire différé) et les soustraire à la spéculation boursière. Il faut revenir aux fondamentaux du métier de banquier : Collecter pour financer l’économie réelle.
Comment le Crédit Agricole, banque mutualiste, peut-elle être soumise au dictat des marchés et des agences de notation ?
En 1988, lors de la « Mutualisation dela Caisse Nationale » les dirigeants du Crédit Agricole ont choisi de tourner le dos au Mutualisme et à ses valeurs. Ainsi, en souscrivant aux dogmes du capitalisme, par grégarisme ou par cupidité, ils ont trahi les pères fondateurs du Crédit Agricole Mutuel et le caractère a-capitaliste toujours inscrit dans le statut des entreprises du groupe.
En 2001, avec l’acquisition du Crédit Lyonnais et l’entrée en bourse de Crédit Agricole SA, les dirigeants du groupe franchissaient une étape supplémentaire. Ils livraient à la voracité des marchés financiers les réserves en capitaux propres des Caisses Régionales, accumulées au fil des ans, au préjudice du financement de leur activité locale et des salariés.
La Crise n’est pas une catastrophe naturelle !
Elle est le résultat de choix stratégiques, de la promotion de l’intérêt individuel contre l’intérêt collectif. Ses promoteurs continuent à œuvrer en toute impunité en faisant supporter les conséquences de ces choix aux clients et aux salariés.
Depuis plus de 20 ans la CGT est la seule organisation syndicale à dénoncer les orientations et les dérives financières du groupe Crédit Agricole. Les autres organisations syndicales communient aux dogmes du libéralisme économique, antinomie de l’intérêt des salariés. Elles ont accepté de substituer l’épargne salariale aux salaires. Elles ont accepté différentes réformes sur les retraites. Elles ont renégocié des Conventions Collectives à la baisse. Elles oeuvrent pour les complémentaires santé contre la Sécurité Sociale et acceptent la mise en place de PERCO, de comptes épargne-temps en lieu et place de salaires. Elles revendiquent l’exonération de cotisations sociales sur les heures supplémentaires etc..,
Bref, en souscrivant à la mise sur le Marché de CA SA en 2001, elles n’ont fait qu’accompagner et amplifier cette dérive capitaliste qui a entrainé les Caisses Régionales et les filiales dans ce Maelström économique.
La CGT ne peut se satisfaire d’avoir eu raison contre tous et d’assister à la débâcle des banques françaises au détriment de la population.
Cependant la pertinence de son discours, trop souvent moqué et ignoré, la qualifie quant aux solutions à rechercher.
Eteindre l’incendie n’est pas suffisant, il faut :
- Repartir sur de bonnes bases !
Les dirigeants du Crédit Agricole ont placé l’entreprise sous le diktat des marchés financiers et des agences de notation, qui sont des instruments d’attaque et sont devenus les réels détenteurs du pouvoir politique mondial. Le Crédit Agricole doit soustraire son activité à la pression des marchés financiers, afin de mettre un terme aux restructurations permanentes que subissent les salariés et les usagers bancaires.
Puisque ces dirigeants se vantent de disposer de leviers sur l’action de notre gouvernement, eh bien, qu’ils appuient la dernière « idée » de celui-ci : renationaliser le Crédit Agricole, comme la CGT le réclame depuis des années.
- Sanctionner les responsables du désastre
Pour se réinventer un avenir, les responsables du désastre doivent être sanctionnés et poursuivis s’il y a lieu : souvenons-nous de la désinformation qu’ils ont diffusée aux salariés à l’occasion de l’augmentation de capital qui leur a été réservée en 2007, au cours de 22,01 € ...
Ils doivent en outre être démis de toute responsabilité et influence. Ainsi, il paraît incohérent de voir MM. PAUGET, CARRON & Co continuer d’exercer la moindre influence dans la sphère bancaire après les pertes occasionnées par les stratégies qu’ils ont mises en place.
Si vous, salariés, aviez fait de même, n’auriez-vous pas été sanctionnés ?
De même doivent être démis de leurs fonctions, tous les dirigeants du premier cercle, administrateurs, directeurs de Caisses et de filiales, qui par atavisme ou carriérisme, ont avalisé ces orientations dans un aveuglement total.
Doivent-ils continuer à nuire à la société ?
Ils n’ont même pas d’inquiétude sur leur avenir : leurs retraites-chapeaux s’ajouteront à tout ce qu’ils accumulent en activité.
- Redonner du sens en relocalisant notre activité Bancaire
Le Crédit Agricole doit retrouver les valeurs du « Bon sens près de chez nous » dont il s’est éloigné depuis trop longtemps.
Il doit suspendre sans retard ses projets de structuration d’activités (projet NICE) qui réduisent les Caisses Régionales à de simples franchises, pour maîtriser la totalité de ses activités et reprendre celles confiées à la sous-traitance qui n’avait pour seul objectif que de pratiquer le dumping social.
La proximité est notre premier atout, c’est également une compétence. Pour s’être éloigné de ces principes de base, le Crédit Agricole a perdu le crédit de confiance que ses clients lui accordaient et que des générations de salariés avaient construit au fil des ans.
« Le Capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage »
Jean Jaurès