CGT du Crédit Agricole Des Savoie

Le mythe du modèle Allemand

L’herbe est-elle tellement plus verte outre-Rhin ? Tous les libéraux de l’Hexagone ont les yeux braqués sur l’Allemagne, qui affiche un taux de chômage de 7,1%, soit 3 points de moins qu’en France. Mais à quel prix ? La physionomie actuelle du marché du travail allemand doit beaucoup aux réformes Hartz, adoptées entre 2003 et 2005 sous l’égide du chancelier social-démocrate Gerhard Schröder: réduction drastique de la durée d’indemnisation des chômeurs, qui passe de 32 à 10 mois; développement des « mini-jobs», petits boulots à temps partiel payés 400 euros par mois; embauche de chômeurs longue durée à 1 euro de l’heure pour faciliter leur «  réinsertion », etc. En clair, le chômeur est invité à accepter… n’importe quoi !

 

Résultats, toutes les statistiques font état d’une paupérisation à marche forcée. Le taux de pauvreté a grimpé de façon spectaculaire, passant de 10% en 2000 à plus de 15% (12 millions de personnes) aujourd’hui. Dans le même temps, la proportion de travailleurs occupant des emplois précaires (CDD, temps partiel, mini-job, intérim) s’est accrue de 20%. Par ailleurs, 2 millions de salariés allemands touchent moins de 6 euros de l’heure. Il faut dire que, dans ce paradis terrestre, les employeurs ne sont pas gênés par le SMIC: il n’y en a tout simplement pas! Les rémunérations minimales sont négociées branche par branche.

 

Le vieux rêve du MEDEF 

 

Et comme d’hab’, le MEDEF veut plus de flexibilité pour plus de rentabilité !

 

Une fois encore, les revendications du patronat tiennent en un seul mot: flexibiliser. Si le chômage crève le plafond en France, c’est du fait des « rigidités « du marché de l’emploi et du «coût» du travail qui paralyse les entrepreneurs. Le sommet social est pour la CGPME(Confédération générale des PME) et le MEDEF l’occasion rêvée de marquer des points, avec un gouvernement tout entier acquis à leur cause. Le patronat des petites entreprises a ainsi concocté un programme en dix points destiné à remettre la Francesur les rails: facilitation du chômage partiel, allongement de la durée maximale des CDD de 18 à 30 mois, exonération de toutes cotisations sociales pour les TPE qui créent un emploi, entre autres réjouissances.

 

De son côté, le MEDEF insiste sur la notion de « compétitivité » des entreprises, synonyme pudique de « rentabilité » actionnariale. L’UIMM, patronat de la métallurgie a d’ailleurs fait une proposition très bien reçue par Xavier Bertrand. Il s’agirait de développer les « accords compétitivité-emploi », qui permettent aux patrons de diminuer les salaires de leurs employés contre des promesses de maintien d’activité. Le modèle est bien sûr celui de la Fonderiedu Poitou, qui avait proposé à ses ouvriers de s’asseoir sur 25 % de leur rémunération.

Actuellement, un accord de ce type doit être signé par chaque salarié qui accepte ainsi une modification de son contrat de travail. L’UIMM souhaiterait court-circuiter l’échelon individuel, en imposant directement des accords majoritaires d’entreprise.

 

Mais, pour le MEDEF, ces efforts législatifs ne serviront à rien tant que les mentalités n’auront pas évolué en profondeur. Laurence Parisot se propose ainsi d’initier les travailleurs français à la notion de « compétitivité psychologique »: Il me semble que ce qui nous manque le plus aujourd’hui, c’est cette dimension mentale, c’est de dire que nous allons faire le travail nécessaire pour être à nouveau les leaders ». Les salariés qui luttent dans les usines contre des baisses de salaires doivent manquer cruellement d’ambition !

 

La chanson est toujours la même, laissez-nous licencier, réduisez nos charges et vous verrez l’emploi augmenter.

 

(Cyprien BOGANDA)



09/02/2012
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