CGT du Crédit Agricole Des Savoie

Encore loin du plaisir au travail

Des négociations nationales portent aujourd’hui sur un éventuel accord entre les organisations syndicales (SUD, CFTC, UNSA, SNIACAM, FO, CFDT, CGC et CGT) et la Fédération Nationale du Crédit Agricole (FNCA) concernant vos conditions de travail.

La CGT, après avoir effectué un travail long et précis de terrain, permettant de diagnostiquer toutes les difficultés rencontrées par les salariés du Crédit Agricole, est confortée dans son analyse par les documents QUALITEST clientèle, EPSY salariés, (remis par la FNCA) et le rapport SUMER de la Caisse Centrale de MSA.

Extrait de la déclaration CGT lors de la négociation du 05/09/2007 :

La politique que vous menez au sein du groupe CA depuis un certain nombre d’années est une politique à court terme consistant à ramasser un maximum d’argent en un minimum de temps.

Pour cela :

-          Vous industrialisez le service  bancaire au détriment de ce qui a fait la force de notre entreprise à savoir un service de qualité basé sur le conseil et l’écoute des clients.

-          Vous avez réduit l’organisation du travail à :

§         une individualisation des postes de travail : objectifs individuels, rémunération individuelle, nécessitant une polyvalence à outrance et ne tenant compte que de l’objectif fixé et surtout pas du travail réel

§         une évaluation permanente des performances individuelles, divisant et désorganisant la communauté du travail, en lui faisant perdre les valeurs de solidarité, la mettant en concurrence avec des critères subjectifs qui souvent conduisent à des injustices.

-          Vous avez réduit les effectifs ; il a fallu attendre 2004 pour qu'ils retrouvent leur niveau de 1999 (ensemble des CR) alors que durant cette période ont été mis en place :

§         la réduction du temps de travail

§         les départs anticipés.

Parallèlement, les salariés ont du faire face à la diversification des activités :

-  intensification des produits d'assurance et de la collecte tierce,

- alourdissement des process et procédures en matière de crédits et d’ouverture de comptes….

 Pour notre part, nous avons relevé auprès des salariés :

-          une dégradation de leur état de santé cliniquement constatée,

-          des situations anxiogènes, du stress, liés à l'activité professionnelle.

-          les sous-effectifs,

-          la pression commerciale,

-          la surcharge de travail,

…/…

-          l'absence de respect et de considération,

-          des éloignements géographiques du domicile souvent injustifiés,

-          la perte de repères,

-          des réorganisations entraînant des mobilités excessives, nuisibles aux équipes et à la clientèle,

-          des contraintes professionnelles de plus en plus exigeantes,

-          l'incertitude quant à l'avenir,

-          l’isolement, la peur, la culpabilité, faute de réelle et sincère possibilité de communication,

-          des heures supplémentaires effectuées mais non reconnues donc non payées

-          etc. …

Les diagnostics que vous nous avez procurés montrent que nous n'affirmons pas de contrevérités en ce qui concerne les conditions de vie au travail de nos collègues.

A la question : quelles mesures concrètes comptez vous mettre en place pour changer radicalement cette situation ? -  Votre réponse ne variera sans doute pas beaucoup de : performances, rémunérations individuelles, apprendre à gérer son stress….

La CGT tient donc à vous faire part des conclusions de Christophe DEJOURS, (spécialiste de la psychopathologie) énoncées lors d'une conférence à l'INRA en 2003.

" Travailler c'est combler l'écart entre le prescrit et l'effectif … Or l'analyse clinique du travail montre qu'on ne peut pas définir, caractériser, saisir ni à fortiori évaluer une compétence sans en passer par la connaissance fine du travail dans lequel elle s'actualise.

Il n'y a strictement aucune proportion entre l'effort, l'habileté, le savoir-faire, l'ingéniosité de l'agent d'une part, et ce qui est visible de l'autre, à savoir le chiffre d'affaires, le nombre d'usagers reçus et informés, ou encore le nombre de dossiers traités d'autre part.

Parmi les différentes méthodes, l'évaluation individualisée des performances s'avère certainement la plus délétère (…).

La peur a fait son entrée massive dans le monde du travail. Ce qui est nouveau, c'est que face à ces nouvelles méthodes d'évaluation, chacun se retrouve maintenant seul. Le résultat est la déstructuration des solidarités, des loyautés, de la confiance et de la convivialité dans le travail. Cette solitude rend plus vulnérable à l'évaluation et à la sanction."    

Voilà, Mesdames, Messieurs les Dirigeants, les résultats de la politique que vous menez

Le Crédit Agricole ne manque pourtant pas de moyens pour faire des progrès dans l’organisation du bien être au travail tout en privilégiant la qualité du service rendu à la clientèle mais il manque réellement de volonté politique.

Les résultats des diverses enquêtes doivent vous alerter et vous devez tenir compte de nos demandes. (Clients, sociétaires, salariés sont ceux qui vous ont permis de construire un groupe, demain un empire, par leur argent et leur travail). Si l’engagement du Crédit Agricole est réel dans le développement durable, alors ce développement doit bénéficier à tous les êtres humains qui le permettent et non uniquement à l’accroissement de la bulle financière.

Pour la CGT, le bien être des femmes et des hommes reste et restera sa principale préoccupation.

Pour retrouver le bien être et le plaisir d’aller travailler, il va falloir se mobiliser, en Savoie, comme dans les autres Caisses régionales.