LA SECU FACE AU DEFI SANITAIRE
Dans Le défi des épidémies modernes, André Cicolella développe des propositions pour sauver
NVO— Au-delà des questions de financement de
André Cicolella— On essaie toujours d’expliquer que la crise de
Agir sur les causes, d’accord, mais de quelle manière?
Notre système de santé est essentiellement basé sur un certain type de soins, tandis que l’éducation et l’environnement sont négligés. Pourtant, agir sur l’environnement, c’est intervenir sur tous les facteurs de risques environnementaux: au travail, dans la sphère domestique, sur la pollution urbaine, la qualité de l’eau. Ces risques se cumulent. L’éducation touche au comportement et à l’alimentation. D’où l’importance des cantines scolaires, le développement de l’alimentation biologique et aussi de l’activité physique qui a un impact notamment sur l’obésité infantile. Aujourd’hui on agit peu sur l’obésité, alors que c’est l’une des causes de l’augmentation du diabète. Dans cette affaire, les industries chimique et pharmaceutique ont une lourde responsabilité, de même que l’agro-alimentaire et la publicité. Sanofi-Aventis, par exemple, espère faire trois milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel en nous vendant un médicament contre l’obésité. On peut donc dire que ces industries espèrent vivre de ce phénomène et non le combattre. Agir ainsi sur l’environnement et l’éducation permettrait, en revenant au taux des affections de longue durée d’il y a seulement dix ans, de récupérer des milliards d’euros et d’équilibrer le régime. Ce n’est pas une utopie. Les pays scandinaves ont fait ces choix avec un certain succès.
Votre ouvrage évoque aussi le rôle de la gouvernance de la sécurité sociale. Vous proposez une « démocratie sanitaire»: qu’entendez-vous par là?
On voit bien que le paritarisme dans sa forme actuelle est à bout de souffle. Cependant, je m’étonne que le syndicalisme ne valorise pas plus le mode de représentativité du régime de Sécurité sociale d’Alsace-Moselle. Son conseil d’administration comporte 25membres, dont 22 syndicalistes et trois employeurs qui ne sont là qu’à titre consultatif Or ce régime est excédentaire, couvre tous les forfaits et bénéficie d’un indice de satisfaction de la population de 98%. Je trouve extraordinaire qu’on n’en parie pas plus, d’autant qu’il y a quand même la menace des privatisations sur le modèle des Pays-Bas, où l’on gère désormais
Le défi des épidémies modernes, comment sauver